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moin du haut de son séjour claustral, et il ne voulait pas s’en priver. Tout était à merveille pour la fête et les époux, hors la mère Corvény, assise comme un fantôme en vue des flots, et ruminant malheur pour ceux qui chantaient dans l’incurie de l’avenir.

Cependant les jeunes filles, vêtues de couleurs vives, rouges pour la plupart, dessinaient au revers de la montagne le zig-zag du sentier qu’elles suivaient en courant, pour venir à l’Abbaye, et déjà le chemin qu’avait mesuré le bâton de la triste Corvény était barré de lignes pétulantes de jeunes hommes, figurant des pas de danse, le bras passé de l’un à l’autre, et faisant chorus en chantant ; toutes ces bouches furent muettes quand le couple des fiancés vint supplier l’abbé suzerain de leur octroyer les clés de la chapelle nuptiale, et la bannière aux armoiries du couvent, que les fermiers du monastère devaient arborer sur la flottille de la fête et des noces.

L’abbé de Varas avait quelque chose de