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tenant plus coriace qu’un parchemin desséché. M. Mylabe s’efforçait de jeter un à un tous ses remords au courant révolutionnaire, et s’en allait où Dieu l’attendait.

Tandis que dom Lémeinc allait à la hâte lever l’interdit jeté sur le lac par Corvény, et la mandait elle-même auprès de lui, M. Mylabe, simulant un calme qu’il n’avait pas, jouait avec deux enfants qui se jouaient eux-mêmes à côté de leur mère. La terre couverte d’un carré de toile leur servait de table. Ils avaient à la main des cuillers de bois ébréchées, qu’ils plongeaient dans leur vaisselle à liserés, semée de rudes fleurs artificielles ; l’étranger faisait comme eux ; il avait consenti à l’offre souvent réitérée de la bonne mère de famille ; il mangeait le pain de l’ouvrier. La femme se confondait en excuses de n’avoir su son arrivée pour se mieux aviser ; l’invité ne pouvait lui faire de réponse plus obligeante qu’en puisant en toute familiarité au vase de lait, en ébréchant le fragment de pain