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ANNEXES.

que l’équilibre des fonctions nutritives soit maintenu, doit pouvoir participer tout entière à l’absorption de l’air. La mobilité des côtes et celle du diaphragme, que je ne fais que signaler ici, assurent la gymnastique de ces organes.

Avec le corset, le champ respiratoire est singulièrement amoindri. L’application de ce vêtement rigide ajusté et fixé depuis l’épigastre jusqu’à la cinquième côte environ, immobilise en grande partie les parois de la cavité thoracique, le diaphragme aussi bien que les fausses côtes. Les vésicules pulmonaires ne se déplissent pas complètement, même si l’on veut faire une grande inspiration, et la respiration est insuffisante dans toute l’étendue du poumon qui correspond au corset. Elle s’exagère, au contraire, en haut, dans la partie du poumon située en dehors de la compression exercée par ce vêtement. La gêne qui en résulte est manifeste et très évidente, surtout lorsque les femmes se livrent à des exercices qui exigent une respiration, profonde, tels que la marche, la montée d’un escalier, la promenade à cheval ou à bicyclette. Elle se traduit par de l’essoufflement, de l’accélération cardiaque, parfois de la cyanose.

Heureusement que la femme quitte son corset pendant plusieurs heures tous les jours, pendant le sommeil, par exemple, et comme le poumon a conservé toute sa perméabilité, la respiration normale se rétablit complètement et ne diffère pas de celle de l’homme à ce moment-là. L’expérience de M. Marey le démontre parfaitement.

La respiration chez la femme n’est modifiée que par le fait du corset, et pendant le temps qu’elle le porte, mais la cage thoracique à sa base surtout est amoindrie définitivement chez les personnes qui font usage de ce vêtement depuis le jeune âge, et le champ respiratoire est, par suite, en tout temps diminué, ce qui présente des conséquences sérieuses au point de vue de la nutrition générale.


2o L’appareil digestif est lésé par l’application du corset d’une façon plus directe et plus grave encore, et les troubles qu’il détermine sont imparfaitement connus. L’estomac ne laisse pas percevoir immédiatement la gêne qui trouble son fonctionnement. Les symptômes qu’il présente sont insuffisants pour attirer l’attention du médecin, d’autant plus que les malades évitent avec intention de les signaler. Elles ne veulent pas avoir mal à