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LE CORSET.

Au moment de l’expulsion du bol alimentaire, les conditions sont également modifiées. Sa progression, au lieu d’être sensiblement horizontale, doit se faire de bas en haut. Nous avons vu que les orifices de l’estomac se trouvent justement au niveau de la compression exercée par le corset ; les aliments, situés dans la portion du viscère qui est distendue, sont très bas ; pour être expulsés, ils doivent atteindre le pylore, trajet rendu doublement difficile par la longueur et la direction de la route et par la compression à laquelle cet orifice est soumis. L’effort musculaire nécessité est d’autant plus grand que l’estomac descend plus bas, que les aliments ont plus d’espace à parcourir. Comme l’estomac n’est pas en état de fournir cet effort, la circulation alimentaire se ralentit et il se produit des fermentations anormales qui donnent naissance à des gaz, dont une partie se loge sous la voûte de la grande courbure, les autres à la partie supérieure de l’estomac, de l’autre côté. Ces gaz exercent sur les parois de l’estomac une pression à laquelle cède en partie cet organe dont l’activité musculaire est amoindrie, de là le gonflement dont se plaignent généralement les femmes après les repas. Ce sont les gaz également qui, mélangés avec les liquides, produisent les glouglous que nous connaissons tous.

Lorsque la dilatation de l’estomac a atteint un certain degré, celui-ci ne se vide jamais complètement et les inconvénients que nous venons d’indiquer sont encore plus manifestes.

Les signes physiques que je signale et qui permettent d’établir le diagnostic sont bien connus depuis les travaux du professeur Bouchard.

Je n’insiste pas sur les troubles intestinaux qui sont la conséquence de l’action du corset. Cependant, je signale le fait que les fermentations irrégulières qui ont commencé dans l’estomac se continuent dans le tube intestinal, et, d’autre part, que le déplacement et la distension de ce viscère produisent des compressions qui ne peuvent être sans inconvénients sur la circulation des matières excrémentielles.

Dans mes nombreux examens de malades, je n’ai pas eu l’occasion de découvrir des lésions du foie ; je crois que cet organe est beaucoup moins lésé par le corset que l’estomac ; toutefois on a signalé, à l’autopsie, des déformations qui peuvent avoir quelque importance.