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LE CORSET.

cants sont enclins à la routine et quelque peu réfractaires au progrès. Leur personnel étant dressé et leurs patrons ou modèles immuables, la besogne est tracée, plus n’est besoin de chercher. Ils conviennent avec vous que telle modification que vous leur proposez leur semble parfaite, mais elle sera peut-être d’une exécution difficile, exigera des essais répétés, une direction attentive ; leur commerce est florissant, leur modèle en vogue, les femmes sont contentes, cela suffit. Sur ce dernier point, ils se trompent ; les femmes se contentent parce qu’elles n’ont pas le choix. Elles demandent, et avec raison, qu’on leur conserve la forme gracieuse qu’elles doivent avoir. Elles subissent, il est vrai, l’influence de la corsetière, de la couturière, et, par suite, de la mode dont elles sont les esclaves, mais parce qu’elles ne peuvent pas faire autrement.

Bien entendu, c’est le corset qui dirige toutes les formes des corsages. Aujourd’hui, on a décidé de faire la taille courte : immédiatement on applique une ceinture serrée juste en plein travers du poumon. Plus tard, on voudra faire la taille longue, très longue ; comme c’est plus difficile à obtenir, que les crêtes iliaques se refusent à céder, on allonge le thorax en faisant de la compression jusqu’à la partie supérieure du corset qui est serré étroitement jusqu’aux aisselles. Nos organes ne sont pas consultés dans toutes ces modifications, mais la couturière est satisfaite et la corsetière aidant, le modèle est lancé.

Je suis d’avis qu’on peut laisser aux couturières une grande initiative en ce qui concerne la mode, notre pays se glorifie à juste titre de posséder des femmes jolies et élégantes ; mais quant au corset, il faut qu’il s’adapte normalement à la forme du corps, que sa construction se base sur des données scientifiques, par conséquent exactes, et qu’on n’en change pas le modèle à toutes les saisons de l’année, notre corps ne changeant qu’aux saisons de la vie.

Convaincue par l’observation personnelle de tous les méfaits qui sont dus au corset, j’ai voulu entreprendre de transformer radicalement cet appareil. Aujourd’hui, le succès de la bicyclette me fournit une occasion opportune de présenter mes observations, je la saisis, car en temps ordinaire, les meilleurs conseils, vinssent-ils d’une femme-médecin, eussent été négligés. Il y a plusieurs siècles qu’on lutte pour la suppression du corset ou sa modification dans un sens hygiénique et les meilleures