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LE CORSET.

sières si cela est nécessaire, mais neuf fois sur dix, il n’en sera pas besoin.

Je pense que ma plaidoirie en faveur du raccourcissement du corset au niveau du buste, aura convaincu mes lectrices et je passe à la seconde question.

Pourquoi, me demande-t-on, voulez-vous changer la forme du corset ?… Tout simplement parce que cette forme est incompatible avec la forme du corps. Il est aisé de s’en rendre compte en comparant la figure 1 et la figure 2. Le corset, par le fait qu’il est rétréci au niveau de l’épigastre, expulse les organes qu’il devrait seulement recouvrir. Les poumons sont comprimés et refoulés vers le haut, l’estomac est repoussé vers le bas et obligé de se loger dans le ventre, et cela que la femme se serre ou ne se serre pas. Ce résultat est dû à la forme du corset. Il en est de même en arrière. Pour effacer la saillie des omoplates on fait monter le corset très haut, sans se douter qu’en amoindrissant la vitalité des muscles dorsaux, on favorise la saillie de ces os. Ce fait est également inconnu du public, que la force et le redressement de la colonne vertébrale sont dus à l’action de la masse musculaire ; il faut donc que les muscles du dos soient forts, pour que le squelette conserve sa direction. Bien entendu je ne parle que des cas normaux.

Voilà les raisons qui m’ont engagée à protester contre la forme actuelle du corset. Ces raisons sont indiscutables, toutes les femmes doivent en convenir dans leur for intérieur.

Enfin, la dernière question est la suivante : Pourquoi le corset doit-il descendre aussi bas ? Ici les figures seront plus éloquentes que mon plaidoyer.

La figure 1 représente une femme sans corset, mais nous voyons qu’aussitôt qu’elle se serre (fig. 2) les viscères abdominaux sont refoulés vers le bas. Or, comme la femme se serrera toujours, il faut l’empêcher de se faire mal en modifiant et déplaçant la ligne de constriction du corset. Il faut de plus fournir un point d’appui résistant à ses organes pour s’opposer à leur déplacement, puisque la paroi abdominale n’y suffit pas. En maintenant les parties molles sur toute leur étendue, et en évitant de creuser le corset à l’épigastre, il est facile de forcer les viscères à conserver leur place respective, d’autant plus que la ligne sur laquelle portera le rétrécissement sera oblique au lieu d’être horizontale, car elle suivra