Page:Gagne - L’Anémone du Colisée, 1865.djvu/5

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Qui, semblable à l’aimant, vers ses murs vous attire !
De ses grands souvenirs vous subissez l’empire :
Un mélange d’amour et de vagues terreurs
Conduit à votre insu vos modernes douleurs
Vers ce camp dévasté, muet, mélancolique,
Impassible témoin du supplice héroïque
De vos frères aînés, athlètes glorieux
Qui vous ont enseigné l’art de gagner les cieux.
Toi-même que pâlit une souffrance amère,
Et pour qui le bonheur fut toujours éphémère,
Afin de relever ton courage abattu,
Toi-même, en cet instant, que me demandes-tu,
Si ce n’est de calmer tes poignantes alarmes ?
Eh bien, console-toi ! j’ai pitié de tes larmes.
Lorsque ton front pensif sous l’ennui fléchira,
Quand des sombres chagrins le poids t’accablera,
Et qu’au bord du chemin tu tomberas brisée,
Souviens-toi que la fleur éclose au Colisée
T’a dit de tout vouloir et de tout accepter,
D’être forte et soumise, afin de mériter
L’immortelle patrie où des pleurs de la terre
Dieu fait à ses élus un bandeau de lumière. »

Ô douce messagère et de paix et d’amour,
Pourquoi ne puis-je pas t’envoyer un seul jour
Vers les êtres aimés qui souffrent loin de Rome !
Ta voix leur parlerait des cieux, du Dieu fait homme,
Et saurait consoler et charmer leur douleur,
Comme elle a su charmer et consoler mon cœur.


ÉLISE GAGNE (Élise Moreau),
Auteur des Rêves d’une jeune-fille, de l’Âge d’or, d’Omégar ou le dernier Homme, des Voyages et Aventures d’un jeune Missionnaire, etc., etc


Paris, 1er Mai 1865



paris. — imprimé chez bonaventure et ducessois.