Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/106

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— Pourquoi ça, ma fille ? Je crois que tu as tort ; tiens, la voici.

Petite Nell lut et replia la lettre sans rien dire.

— Le salaire n’est pas lourd, reprit tante Olympe, mais tu n’as que ta langue et la musique à enseigner, et tu auras l’occasion d’apprendre l’anglais, de voir un peu le monde…, et pense comme ce doit être gai de vivre avec tant de jeunes filles, presque toutes de ton âge.

Deux larmes qui avaient glissé sur les joues de Petite Nell tombèrent sur sa robe noire.

À cette vue, le cœur de tante Olympe se serra, elle prit entre ses mains cette triste petite figure et l’embrassa tendrement.

— Si tu veux revenir vers nous, Nellie, il ne tient qu’à toi, ta chambre et ton lit sont prêts.

— Merci, tante Olympe, je crois qu’il vaut mieux que je parte.

— Je le crois aussi, ma fille, répondit la brave femme en essuyant ses lunettes ; mais tu te rappelleras pourtant que je suis là, et quand tu reviendras au pays, c’est chez moi que tu logeras et chez personne d’autre.

Ces derniers mots furent prononcés avec tant d’énergie que Petite Nell releva la tête d’un air surpris.

— C’est comme ça, reprit tante Olympe, je ne veux plus qu’on jase, moi, et qu’on dise ce qu’on dit.

— Je ne comprends pas, tante.

— Je le crois, ma fille ; et, vois-tu, ça me fait de la peine de t’ouvrir les yeux. — Vois-tu, ma fille, le monde est plus mauvais qu’on ne croit ; depuis ton retour, les gens ont commencé à parler, on trouve