Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/18

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— C’est à croire que votre nièce est un ogre, fit le paysan, ou bien allons-nous manger du gâteau tous les jours ?

Tante Olympe ne daigna pas répondre et continua à pétrir dans un silence plein de dignité.

Quand elle eut fini, elle enleva son tablier de toile blanche et quitta la cuisine, mais pour reparaître, une demi-heure plus tard, la figure rouge et luisante de propreté. Un bonnet blanc couvrait ses cheveux gris, et une robe de percale noire à pois blancs ornait sa personne.

— Jusqu’à quand resterez-vous là à fumer comme une locomotive, beau-frère ? fit-elle brusquement en saisissant une poêle à frire ; il me semble que vous pourriez bien vous reblanchir aussi un peu, et votre barbe est d’une longueur !…

— Je fais ma barbe le dimanche matin, sœur Olympe, et nous ne sommes qu’à vendredi soir, répondit tranquillement le paysan.

— Mais il me semble que, pour le premier jour, vous pourriez faire une exception.

— Et moi je pense que le premier jour doit ressembler au second, c’est pourquoi je reste comme je suis. Je n’entends pas, ajouta-t-il entre ses dents, que ces deux citadins viennent me faire la loi chez moi.

Sur ce, il reprit sa pipe et disparut bientôt littéralement aux yeux de tante Olympe.

— J’entends la voiture, fit-elle tout-à-coup, peut-être que vous voudrez bien tenir la poële pendant que j’irai recevoir votre nièce.

Il la lui prit des mains et elle n’eut que le temps