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l’insurrection, on arrive à l’expliquer, et il faut absolument l’expliquer pour prévenir le retour de pareils désordres.

— Expliquer, c’est excuser, reprit le curé, excuser le meurtre, l’assassinat, le vol, le sacrilège, les prêtres emprisonnés, les églises profanées.

— Je vous demande pardon, monsieur le curé, je n’excuse aucune oppression, aucun abus de la force, je suis pour toutes les libertés, car je suis un vrai républicain. Je veux, moi, comme tous les vrais républicains, que tout le monde soit libre, même d’aller à la messe, même quand vous y prêchez.

— Non, non, reprit avec violence le père Mathurin, tu ressembles à tous les rouges, tu veux supprimer la religion comme en 93.

— Toi qui cries si fort, père Mathurin, répondis-je, contre les révolutions et les révolutionnaires, sais-tu seulement pourquoi ta vigne blanche qui fait ce fameux vin, dont tu tires tant vanité, s’appelle la Corvée ?

— Peu m’importe, elle est à moi et je ne la laisserai pas prendre par les partageux.

— Elle est à toi, oui, grâce à la grande révolution ; car autrefois ta vigne appartenait aux moines de l’abbaye dont on voit là-haut les ruines. En ce temps-là, c’étaient bien nous, les paysans qui la cultivions, et voilà justement pourquoi