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Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/44

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atmosphère empestée et chauffée à vingt-cinq degrés. Après une journée de treize heures, elle rentrait dans son réduit sombre, où il n’y avait pas de feu, où elle trouvait quatre enfants qui avaient faim.

Quel courage, quel amour maternel ou quelle inertie lui fallait-il pour accepter une pareille existence ?

« Vous viendrez tout de suite, qu’on vous trempe la soupe, lui dit Thérèse. Nous aurons du monde ce soir. Si vous entendez parler un peu tard, il ne faudra pas vous en étonner.

— Ah ! que je vous remercie, madame Thérèse. Et les petits ont été sages ?

— Oui, bien sages. Et l’autre n’a pas bougé. »

L’ouvrière sourit avec tendresse à ses deux enfants.

Puis elle alluma sa lampe à celle des Gendoux et passa dans le réduit que nous avons décrit.

L’enfant dormait toujours. Elle le prit et le baisa. Mais son corps était roidi et son front glacé.

À ce contact, elle éprouva un horrible frémissement. Elle poussa un cri, et, l’œil dilaté, la figure contractée par l’épouvante, elle se précipita chez les Gendoux.

Elle tenait son enfant dans ses bras et le serrait convulsivement sur son sein. Elle ne put qu’articuler un gémissement rauque, et elle s’affaissa sur une chaise.

Gendoux et sa femme n’osaient questionner.

« Mais voyez donc, voyez donc ! s’écria-t-elle enfin d’une voix déchirante. Il est mort, mon Dieu ! il est mort ! Et c’est moi, c’est moi peut-être qui l’ai tué ! Je suis allée ce matin chez le pharmacien… Hier, la dose n’était pas assez forte, et aujourd’hui… »

Sa tête se renversa et elle s’évanouit.

En cet instant, trois ouvriers entraient et descendaient