Page:Gagneur - Le Calvaire des femmes 1.djvu/48

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et la grève fut décidée à l’unanimité. Dès le lendemain, chacun de son côté opérerait dans ce sens. Tous étaient des compagnons influents, qui disposaient d’un groupe plus ou moins nombreux.

Comme ils allaient se retirer, trois grands coups frappés contre la trappe retentiront sous la voûte et firent tressaillir les assistants.

Thérèse devint livide.

« Chut ! fit Gendoux, qui pâlit aussi. Pas un mot, nous sommes vendus ! »

Un profond silence régna.

En ce moment, onze heures sonnaient à l’église voisine.

« Au nom de la loi, cria-t-on du dehors, ouvrez ! »

Il était inutile de résister.

Gendoux monta à l’échelle et se présenta.

« C’est vous, Gendoux, le fileur ?

— Oui, c’est moi. »

Le commissaire de police se montra, accompagné de deux gendarmes. II observa pendant quelques instants la réunion, comme s’il en comptait les membres.

« Allons, dit-il à Gendoux, suivez-nous. Nous vous arrêtons pour avoir enfreint les articles 414, 415 et 416 du Code, prohibant les coalitions, et l’article 291 du Code pénal, défendant toute réunion au-dessus de vingt personnes. Or, vous êtes trente ici. »

Gendoux atterré suivit le commissaire.

Lorsque Thérèse vit disparaître son mari entre les gendarmes, elle poussa un cri, voulut s’élancer, mais ses jambes faiblirent, et elle retomba privée de sentiment.

C’était cette scène, si brièvement relatée dans la dépêche télégraphique, qui rappelait à Lille M. Daubré.