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Page:Gagneur - Pour etre aimee.djvu/116

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volage ; tantôt c’est une mère qui aspire à marier sa fille, un laideron ; le plus souvent c’est une coquette surannée qui désire maintenir sa beauté ou même se rajeunir ; et, selon que le sujet m’inspire, me passionne ou m’est répulsif, je donne ou refuse mes conseils.

Mais comme ma maison menace de devenir un cabinet de consultation de haute élégance, pour me soustraire à ces obsessions, j’ai pris le parti d’écrire le petit traité qu’on va lire sur l’art d’acquérir, de rehausser et de conserver la beauté.

— Comment ! se récriait dernièrement M. d’Ivory, vous, Duchesse, écrire un livre pareil ! Ne craignez-vous pas de déchoir dans notre admiration, en nous révélant les secrets de cette beauté qui vous fait adorer ?

— Non, mon ami, lui répondis-je. En tout cas, je me dévouerais ; mais à mon sens, il ne peut être de sujet plus tentant, plus utile, plus noble, plus poétique même. J’ai d’ailleurs d’illustres devancières. En remontant à la plus haute antiquité, ne voyons-nous pas de grandes charmeuses pousser cet art aux plus extrêmes raffinements ? La mythologie ne nous raconte-t-elle pas les enchantements de Circé et les artifices de Médée, qui sut rajeunir le père de Jason ? Aspasie, le type le plus séduisant de la