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Page:Gagneur - Pour etre aimee.djvu/15

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digue envers toi, si parcimonieuse à mon égard ; et tu me dis, avec ta grâce, ta bonté ordinaires :

« — Tu es encore plus injuste que la nature. Non, tu n’es pas laide ; et, si tu voulais t’en donner la peine, tu pourrais fort bien passer pour une jolie femme.

« — À quoi bon, répondis-je, puisque mon mari m’aime ainsi !

« Et tu ajoutas :

« — Ah ! ma chère, il faut tout prévoir !

« Prévoir quoi ? que mon mari cesserait de m’aimer, qu’il me tromperait pour une fille, prévoir une semblable infamie ! Moi, qui croyais en lui comme en Dieu, lui faire L’injure de douter de la sincérité de ses protestations ! car chaque jour, il me répétait qu’il m’aimait surtout pour l’exquisité de mon cœur, pour mon aveugle adoration, pour mon absolu dévouement ; non, je ne le pouvais, je ne le devais pas. Je continuai donc à vivre avec ma confiance bête, mon dédain de la toilette et des futilités.

« Futilités ! appeler futilités ce qui nous rend belles, ce qui nous fait aimer !

« Ah ! ma souffrance actuelle est une horrible expiation de ma stupide insouciance !

« Si, autrefois, j’accueillis ton conseil avec incrédulité, aujourd’hui, il flamboie dans mon