Page:Gagneur - Trois soeurs rivales.djvu/10

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néalogique, voulût accepter pour gendre.

Renée et Gabrielle, dans leurs apprêts de réception, s’abandonnaient moins à des espérances matrimoniales qu’à une impulsion de coquetterie féminine qu’à un besoin de mettre un intérêt dans leur vie, et, si c’était possible, un petit brin d’amour.

Depuis un quart d’heure, elles étaient silencieuses, quand M. de Charassin vient interrompre leurs méditations.

— Eh bien ! mesdemoiselles mes filles, dit avec un ton de galanterie quasi-royale le petit vieillard, j’espère que vous vous disposez à vous montrer aimables pour mon pupille. M. de Vaudrey est un charmant garçon, de la bonne vieille noblesse ; et, quoique je ne l’aie pas vu depuis une dizaine d’années, je lui porte le plus vif intérêt. Vous tâcherez donc de lui plaire pour m’être agréables. Voyons, ajouta sous forme de plaisanterie, le facétieux baron, laquelle de vous désire devenir très haute et très puissante dame de Vaudrey, portant de Gueules émanchées d’argent de deux pièces, avec cette devise : J’ai valu, vaulx et vaudray ?

— Mais, mon père, répondit Renée, il me semble que c’est à M. de Vaudrey de choisir ; et puis il faut voir…

— Gabrielle compte-t-elle se mettre sur les rangs ? demanda Henriette.

— Pourquoi pas, dit M. de Charassin ; à moins pourtant que Gabrielle ne se récuse… Autrefois les cadettes ne se mariaient pas ou se mariaient les dernières, ajouta-t-il, laissant percer ainsi son désir secret de marier d’abord Henriette, sa préférée.

— Oh ! moi, papa, je ne pense pas à cela, répondit Gabrielle d’un petit air dégagé.