Page:Gagneur - Trois soeurs rivales.djvu/48

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Avant de mettre son plan à exécution elle hésita longtemps. Ce qu’elle allait faire n’était-il pas opposé à la délicatesse de sa conscience ? Mais Henriette lui paraissait tellement indigne d’épouser M. de Vaudrey et Gabrielle était si malheureuse, que ces dernières considérations prévalurent. Elle écrivit donc à M. de Vaudrey un billet ainsi conçu :

« Ce soir, entre dix et onze heures, je frapperai trois coups à votre porte ; vous descendrez aussitôt, sans faire de bruit l’escalier de la tourelle. Je vous attendrai dans le jardin. J’ai d’importantes révélations à vous faire.

» renée »

Lorsque M. de Vaudrey fut rentré chez lui, elle lui envoya ce billet par la femme de chambre ; puis elle éteignit sa lumière, laissa sa porte entr’ouverte et attendit avec une impatience mêlée d’anxiété. Lorsque dix heures eurent sonné à l’horloge de l’église, en prêtant l’oreille, elle entendit, au milieu du silence de la nuit, le frôlement d’une robe sur l’escalier, et, s’étant mise en observation derrière la croisée, elle put distinguer l’ombre d’Henriette glissant furtivement le long du mur. Alors elle sortit à son tour, et alla frapper à la porte de M. de Vaudrey les trois coups convenus. Elle avait à peine atteint le bas de la tourelle que Paul la rejoignit ; elle prit son bras et le conduisit dans le parc du côté de l’allée de charmille.

MARIE GAGNEUR.

(La suite à demain.)