Page:Gagneur - Trois soeurs rivales.djvu/81

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tion entière sur tout ce qui s’est passé entre nous.

Le visage de Joseph Duthiou rayonna.

— Cinq mille francs, c’est entendu ; et vous ajouterez une petite somme pour les emplettes de noce : il y aura six lettres ; ce sera six mille francs.

— Encore ! dit Henriette, qui avait peine à contenir son indignation et son dégoût. Mais comme tout débat avec cet homme lui répugnait horriblement, elle consentit.

— Donnez-moi donc ces lettres, ajouta-t-elle, et ce soir ou demain vous aurez votre argent.

— Nenni, nenni, répondit le défiant ouvrier ; comme je vous l’ai dit, c’est donnant, donnant.

— C’en est trop ! s’écria Henriette exaspérée, se défier de ma parole !

— Il me semble, répliqua Joseph, que je suis bien payé pour cela.

Henriette subit cette dernière injure. Il fallait se résigner aux conditions de cet homme, ou s’exposer au plus fâcheux scandale.

— Ainsi, au revoir, dit Joseph Duthiou, je vais m’installer au village jusqu’à demain soir, et, quand les six mille francs seront prêts, vous me ferez appeler.

Et ils se séparèrent.

La pauvre Henriette étouffait de honte et se trouvait dans la plus grande perplexité. Comment se procurer six mille francs ? Les demander à son mari ? — Mais se résoudrait-elle jamais à une pareille humiliation ? — Les demander à son père ? — Mais il avait déjà fait pour elle tant de sacrifices ! Et puis, il faudrait attendre quelques jours ; pendant ce temps, Joseph pourrait réfléchir et exiger davantage. Enfin elle se décida à