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Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/13

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préface

pommes, cinq pommes, six pommes, sept pommes, huit pommes, pommes neuf ! — J’ m’en défends !

— Riche, pauvre, coquin, voleur, riche, pauvre, coquin, voleur, riche… (ceci est une sorte d’horoscope qui se tire sur les boutons de l’habit).

— Il est midi. — Qui-c’qui l’a dit ? — C’est la souris. — Où est-elle ? — Dans la chapelle. — Que fait-elle ? — De la dentelle. — Pour qui ? — Pour ces demoiselles. — Combien la vend-elle ? — Trois quarts de sel.

 
— Un i, un l,
Ma tante Michel ;
Un i un um,
Cagi, cajum :
Ton pied bourdon,
José Simon ;
Griffor, pandor,
Ton nez dehors !


Un bon nombre de nos chansons populaires se chantent encore, avec plus ou moins de modifications et de variantes, dans les provinces de France[1] :

  1. Plusieurs de nos chansons se chantent en France avec des variantes lascives que nous ne connaissons pas en Canada. De là il suit évidemment qu’il a dû se faire ici un travail d’expurgation à une date quelconque ou peut-être insensiblement. Or, ceux qui connaissent l’histoire des premiers temps de la colonie, — alors que l’on ne permettait qu’à des hommes exemplaires d’émigrer au Canada, et que, suivant les chroniques du temps, ceux dont la vertu était un peu douteuse semblaient se purifier par la traversée ; alors que toute la colonie naissante ressemblait à une vaste communauté religieuse, et que les missions huronnes rappelaient les âges de foi de la primitive Église. — ceux-là, dis-je, comprendront facilement qu’à cette époque, on n’aurait jamais osé chanter devant ses frères des couplets obscènes, et que le peuple a pu, de lui-même, introduire dans certaines chansons les variantes qui nous sont restées et qui les dégagèrent de toute immoralité.