— C’est ma cruelle audace
Qui cause mon malheur ;
Si mon crime s’efface,
J’aurai bien du bonheur :
J’ai traité mon Sauveur
Avec trop de rigueur.
Sur le mont du Calvaire
Jésus portait sa croix ;
Il me dit, débonnaire,
Passant devant chez moi :
« Veux-tu bien, mon ami,
Que je repose ici ? »
Moi, brutal et rebelle,
Je lui dis sans raison :
« Ôtes-toi, criminelle,
De devant ma maison ;
Avance et marche donc,
Car tu me fais affront ! »
Jésus, la bonté même,
Me dit en soupirant :
« Tu marcheras toi-même
Pendant plus de mille ans !
Le dernier jugement
Finira ton tourment. »
De chez moi, à l’heur’ même,
Je sortis bien chagrin ;
Avec douleur extrême
Je me mis en chemin.
De ce jour-là je suis
En marche jour et nuit.