à la santé de ces jeunes mariés
Quel est l’homme ayant tant soit peu de monde qui oserait parler malheur, déception, tombeau, au milieu d’un repas de noces ? Dans de telles circonstances, au contraire, chacun affecte une joie sans mélange, et ne parle que félicité suprême et bonheur sans fin. Et pour tant la crainte est dans tous les cœurs. Ici bas :
« … jamais entière allégresse :
L’âme y souffre de ses plaisirs,
Les cris de joie ont leur tristesse,
Et les voluptés leurs soupirs.
« La crainte est de toutes les fêtes ;
Jamais un jour calme et serein
Du choc ténébreux des tempêtes
N’a garanti le lendemain… »
Ce mystérieux « lendemain, » on n’ose pas le regarder en face, on s’efforce de n’y pas songer. Plus courageux que nous, et, avouons-le aussi, la conscience plus tranquille, l’homme des champs ne craint pas d’en rappeler le souvenir, même au milieu de ses fêtes. Au lieu de se dorloter mollement dans la jouissance du présent, au lieu de s’écrier inutilement, comme Lamartine :
jeter l’ancre un seul jour ! »