Page:Gagnon - Chansons populaires du Canada, 1880.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
322
CHANSONS POPULAIRES

il suit qu’une société à mœurs sévères chantera dans une tonalité dont l’échelle sera formée de grands intervalles, comme dans le genre diatonique, — tonalité dans laquelle ne chantera jamais une société dissolue et affolée de plaisirs.

« Chaque système musical, dit M. d’Ortigue, a son échelle particulière, où les sons sont divisés selon la constitution de ce même système. L’échelle est en quelque sorte l’alphabet propre à chaque idiome musical, c’est-à dire à chaque tonalité. Les intervalles sont plus ou moins distants les uns des autres, et ils revêtent entre eux des propriétés, des affinités différentes selon les divers modes propres à la tonalité à laquelle appartient l’échelle, en sorte que dans chaque tonalité on doit distinguer, en premier lieu, l’échelle générale des sons et en second lieu les échelles particulières des divers modes, c’est-à-dire la gamme et ses modifications, telles que la gamme majeure et mineure dans notre tonalité. Les Orientaux divisent leurs échelles par tiers et quarts de tons, la nôtre est divisée par demi-tons, celle du plain-chant fondée sur l’ordre diatonique procède par tons entiers, sauf les deux demi-tons inhérents d’ailleurs à l’ordre diatonique et le demi-ton accidentel. Plus les mœurs sont efféminées chez un peuple, plus son échelle musicale affecte de petits intervalles rapprochés ; plus, au contraire, un peuple est grave, plus il est attaché aux doctrines religieuses, et plus son échelle tend à multiplier les grands intervalles. Ceci soit dit pour protester contre l’opinion de Rousseau et plusieurs autres théoriciens, à savoir que la coordination des intervalles dont se compose toute l’échelle musicale est le produit