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Il était huit heures du matin. Lucien avait fini son travail à quatre heures et dormait.

Au bruit des chaînes déroulées il se réveilla. Il se leva, s’habilla et alla trouver le chef mécanicien.

— Chef, lui dit-il, vous n’ignorez pas que mon engagement expire ici. Veuillez donc donner ordre au comptable de me régler mon dû.

— Comme vous voudrez, mon garçon, lui dit celui-ci. Toutefois comme nous ne partons vers Liverpool que dans huit jours, si d’ici là vous avez dépensé tout votre argent à terre vous pouvez venir voir si la place est vacante.

— Merci bien, monsieur, dit Lucien en se dirigeant vers le bureau du comptable.

Déduction faite de la commission du shipping-master, Lucien toucha quatre livres sterling.

Comptant tout ce qui restait dans son porte-monnaie, il se trouvait à la tête d’un capital de cent nonante francs.

Sapristi, s’exclama-t-il, me voilà plus riche que quand j’ai quitté Liège et suis arrivé à destination.

Peu après il quittait le vapeur et se dirigeait vers la douane, d’où, après une visite sommaire, il sortit.

Ici je ne dois pas faire long feu, se dit-il, filons sur la capitale, Lima. Là je verrai la façon de me diriger vers l’intérieur.

Il s’achemina vers la gare qui se trouvait près de la douane et prit son billet pour Lima.

Peu d’instants après, le trans-Andin démarrait, en route pour Lima puis vers la Cordillère des Andes. En vingt minutes Lucien atteignait la gare des Desamparados. Il monta l’escalier qui débouche vers la sortie. Une fois dehors, sa valise à la main, il se mit à réfléchir. Je crois, se dit-il, que le plus simple serait de m’adresser au Consulat ou à la Chambre de commerce belge s’il y en a.

Un agent de police se trouvait de faction tout près.

Il se dirigea vers lui et lui expliqua ce qu’il voulait savoir.

— Attendez un instant, lui dit celui-ci, car voilà mon collègue qui vient me remplacer. Je vous accompagnerai moi-même jusqu’au consulat.

Dès que l’autre agent fut arrivé, Lucien et son guide s’acheminèrent vers l’endroit où celui-ci voulait aller.

En cours de route il entama conversation avec son compagnon.

— Vous êtes étranger, sans doute ? demanda celui-ci.

— Oui, belge, répondit Lucien.

— Il ne doit pas y avoir beaucoup de vos compatriotes à Lima, dit l’agent, mais ici on ne regarde pas à la nationalité. Un étranger pour