Page:Gaillard - Dans un monde inconnu, 1916.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 19 —

— Et quel est le but de votre visite ?

— Monsieur, dit Lucien, j’ai quitté Liège avec le dessein de chercher fortune à l’étranger. Je ne veux pas rester à Lima. J’ai l’intention de pénétrer dans les régions inconnues du bassin de l’Amazone. Mais avant de m’y aventurer je voudrai trouver une occupation qui me permette de me préparer à affronter l’aventure avec chances de succès. Je suis monteur-électricien, mais je puis remplir d’autres emplois.

— Eh bien, voici ce que je peux faire dit le consul. Je vais vous recommander à Monsieur Darbin qui a une maison de commerce ici à Lima. Il a en outre des comptoirs à Mollendo et Arequipa.

Si vous pouvez entrer chez lui vous lui demanderez de vous envoyer dans un de ses comptoirs de l’intérieur et pourrez vous familiariser avec les indiens, ses principaux clients.

Tout en parlant il s’était approché d’un bureau et, s’asseyant, écrivit la lettre pour Monsieur Darbin.

Ensuite il la cacheta et la remit à Lucien.

— Avez-vous quelques ressources ? demanda-t-il ensuite.

— J’ai près de deux cents francs, répondit Lucien.

— Je vais vous indiquer une pension où vous ne serez pas mal et qui vous coûtera peu dit le consul.

C’est dans cette même rue au numéro 14 ; vous pouvez y aller de ma part.

Quant aux bureaux de Darbin ils se trouvent aussi dans cette rue mais au 486.

Lucien remercia chaleureusement le consul puis se dirigea d’abord au 14.

Après avoir sonné il pénétra dans la maison, la porte était ouverte. Une grosse femme vint à sa rencontre.

— Que désirez-vous, jeune homme ? dit-elle en espagnol mais avec un fort accent.

— Je viens, madame, répondit Lucien en français, de la part du Consul de Belgique.

— Ah, vous êtes un compatriote ? dit la femme. Et d’où ça donc ?

— De Liège, madame.

— Tiens, comme ça tombe ! Je suis moi-même liégeoise. Feu mon mari l’était aussi.

— Je voudrai prendre pension chez vous dit Lucien, je suis venu pour essayer de travailler ici.

Sur quel prix pourrai-je compter ?

— Écoutez, mon ami, tout dépend de l’état de votre bourse. La différence de prix consiste dans la nourriture, car les chambres ne différent guère.