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cloche du souper retentit vers cinq heures et demie et mangèrent avec grand appétit.

Ensuite ils montèrent sur le pont pour fumer un cigare, puis regagnèrent leurs cabines respectives.

Le lendemain matin à six heures ils étaient levés et dégustaient leur café au lait dans la salle à manger.

De nouveau ils montèrent sur le pont.

— C’est monotone, n’est-ce pas petit ? dit Petitjean. Nous longeons la côte presque tout le temps mais pas assez près pour distinguer la terre.

Cinq jours après leur départ du Callao ils atteignaient Mollendo. Là ils séjournèrent deux jours car Petitjean voulait emmener le matériel électrique destiné aux bateaux qui font la traversée du lac Titicaca.

Lorsque tout fut chargé sur wagon il donna ordre à son agent en douane de l’envoyer directement à Puno, puis à son tour il prit le chemin de fer avec Lucien pour Arequipa.

Le voyage fut accompli sans incident. Deux jours après leur départ, Lucien put apercevoir au loin une cime haute de plusieurs milliers de mètres dont la pointe se terminait en cratère.

C’est le volcan Misti, dit Petitjean, le plus haut du monde. Il dépasse de beaucoup le Chimborazo.

Il n’est pas en activité ce qui n’empêche qu’à Arequipa nous avons des tremblements de terre presque tous les jours. La ville même a été plusieurs fois détruite.

— Ce n’est pas gai d’y être propriétaire, dit Lucien en riant.

— Que veux-tu ? On se fait à tout. Un jour ou l’autre nous serons tous ensevelis sous les cendres comme Pompeï ou plus récemment Saint-Pierre dans la Martinique, par le Mont pelé.

Dès leur arrivée Petitjean conduisit Lucien chez lui. Tu demeureras ici avec moi lui dit-il. Je ne suis pas marié, mais j’ai une servante indienne, à qui j’ai appris la cuisine européenne, qui s’occupera de nous, dans une huitaine de jours nous irons voir à Puno si le matériel y est arrivé et nous y séjournerons le temps qu’il faudra.

Pendant ce temps tu peux venir au comptoir et tu te familiariseras avec les indiens, mes clients.

Le lendemain Lucien alla au magasin. Là il vit les acheteurs. C’étaient, tantôt des indiens quechuas de la partie centrale du Pérou, tantôt des boliviens.

La plupart ne payaient pas en argent.

En échange de la pacotille qu’ils emportaient ils apportaient du caoutchouc, du cacao, du maté, des épices. Petitjean y trouvait son compte car le prix payé pour leurs denrées était bien inférieur au cours.