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Serait-ce donc vrai, comme Linda l’affirmait, qu’il était l’envoyé de Dieu, nouveau Messie en ces pays lointains ? La musique cessa. Lucien à son tour prit son violon et commença à jouer une sonate à Beethoven.

— Oh, comme c’est beau dit Linda. Je n’ai jamais entendu une musique pareille. Les anges au Ciel doivent sûrement jouer de cet instrument.

— Non, dit Lucien, beaucoup d’hommes et même des femmes en jouent dans mon pays.

— Tu me l’apprendras, dis mon bien-aimé ?

— Avec plaisir, ma jolie. Lucien joua encore quelques airs. La nuit se passa ainsi jusqu’à ce que finalement les deux jeunes époux sentirent le sommeil les gagner. Linda souffla la bougie puis se dévêtit. Lucien en fit de même. Peu après, ils dormaient.

Quinze jours après son mariage Lucien, Linda et Don Manuel partaient dans le canot électrique pour Iquitos avec le trésor de guerre. Vingt guerriers des plus fidèles les accompagnaient. Ils avaient ordre tout d’abord de mettre le trésor en sûreté. Ensuite de lancer par le sans fil d’Iquitos, la déclaration d’Atahualpa II au monde civilisé quant à l’existence de son empire et ses désirs. Dès leur arrivée ils choisirent une maison se prêtant à leurs desseins. Là, dans la cave ils enfouirent une partie de l’or, n’en conservant qu’une quantité équivalente à 25 millions de francs pour les premiers frais. Puis Lucien et Don Manuel allèrent au bureau du télégraphe et examinèrent les lieux.

— Ce soir, dit Lucien, nous pénétrerons de force ici et baillonnerons le télégraphiste. Puis vous ferez le simulacre d’un vol. Pendant ce temps moi j’opérerai.

Tout se passa comme Lucien l’avait prévu et à 10 heures du soir, il lançait les dépêches suivantes :

Au monde civilisé. Moi, Atahualpa II, inca de l’empire du Soleil, descendant direct de Atahualpa, dernier inca du Pérou, fais savoir que mon empire comprend les territoires suivants : Toutes les contrées comprises entre la Cordillère des Andes et leurs ramifications au Brésil connues sous le nom de Sierra. Au nord sa frontière comprend tout le territoire en deçà du Maragnon et de l’Amazone. Au sud ses limites sont l’Océan Atlantique et le Pacifique jusqu’au détroit de Magellan. La Patagonie et l’Araucanie m’appartiennent y compris Puntas Arenas. Je donne un délai d’un an aux pays occupants pour les évacuer et me reconnaître comme souverain de ceux-ci.

Ensuite il lança les autres dépêches.

« Gobierno, Lima. Suite à ma dépêche fais savoir que consens en cas de reconnaissance immédiate à reculer mes frontières jusqu’au Jurua au Nord et Titicaca au Sud. En cas conflit avec A. B. C. devrez garantir neutralité