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video ou Ascencion. Les autres à Mollendo. Un mois après, Ascencion présentait un aspect bizarre. Partout ce n’étaient que des camps d’instruction et des logements pour soldats. On y parlait toutes sortes de langues. Mais pour les commandements le japonais ou le aïmara était de rigueur. Quelques semaines encore devaient s’écouler avant l’année fixée par Atahualpa II. Les premiers chocs ne s’étaient pas encore produits. Aucun acte d’hostilité n’avait été accompli. Mais ce que les Argentins et Chiliens ignoraient c’est que tous les ouvrages d’art du chemin de fer des Andes étaient minés puis reliés à des piles électriques qui au moment voulu feraient leur œuvre de destruction. Que tous les sentiers de la montagne étaient surveillés. Que dans les huttes des indiens se cachaient des mitrailleuses et des armes. Tout cela avait été accompli sans bruit avec cette ruse qui caractérise les indiens.

Ils étaient là 50.000 hommes dont une partie armés de flèches empoisonnées, aux aguets, prêts à défendre coûte que coûte le passage de l’ennemi.

Ils étaient un contre dix mais ils étaient de taille à vaincre. Certes quel effet pouvait produire l’artillerie contre ces parois étroites de granit dont chaque anfractuosité cachait des fusils et des mitrailleuses ?

Quant aux 100.000 hommes qui avanceraient vers la Patagonie, Lucien n’avait même pas voulu s’en occuper ; ils étaient perdus d’avance.

Outre qu’il pouvait à tout moment leur couper les communications avec ses Araucans placés dans les Andes, il savait qu’ils trouveraient des centaines de mille indiens prêts à les combattre. Sa tactique était double. Il voulait livrer bataille rangée dans les plaines du Grand Chaco aux Argentins et au Matto Grosso aux Brésiliens, mais il voulait d’un autre côté faire une guerre de gueirilles et d’embûches en Patagonie et dans le bassin de l’Amazone. Son plan consistait en ceci : Faire battre le Chili par l’armée envahissante du Pérou et de la Bolivie grossie de ses guerriers, empêcher la jonction de l’armée du Chili qui voulait franchir les Andes. Il savait que ses Araucans tiendraient plusieurs mois. L’armée qui les combattrait devrait donc finalement se replier au secours de l’autre armée aux prises avec un ennemi double en nombre. Alors lancer ses Araucans vers l’armée de 100.000 Argentins pour les massacrer par derrière.

Pendant ce temps avec ses 500.000 hommes il pouvait battre les 300.000 Argentins. Se jetant ensuite sur les 200.000 Brésiliens du Matto Grosso il pénétrait au Brésil et menaçait l’armée du centre.

Ou bien celle-ci avançait quand même et lui à ses trousses, ou elle reculait pour faire face à son invasion.

Même en lui faisant face elle était inférieure en nombre car avant