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Les barrières que je veux créer ne sont destinées à les arrêter que provisoirement.

Ce que je veux, c’est éviter qu’elles noient les personnalités, je veux que les indiens subsistent, car ils ont droit à la vie comme la race noire ou blanche.

Les États-Unis ont détruit la presque totalité de ceux-ci, l’élément anglo-saxon a submergé tout entier ; de ce côté-là, le mal est irréparable, mais je veux sauver ce qui peut encore être sauvé.

Pourquoi veut-on à tout prix la prépondérance de la race blanche ? Croyez-vous, Messieurs, que la couleur de la peau ait une influence sur le cerveau ?

J’en doute pour ma part, car si les indiens avaient eu des siècles de culture intellectuelle, ils équivaudraient aux blancs. Prenez un être blanc dès sa naissance, isolez-le et laissez le tout seul parmi nos indiens, sa mentalité ne sera pas supérieure à la leur, malgré son issue.

L’être humain se façonne comme on l’élève. Nos indiens deviendront des intellectuels, comme les blancs, le jour où ils auront l’éducation.

Un autre péril, que je veux vous signaler, nous vient du nord, il est né de la fausse idée qu’on se fait de nos indiens : C’est la doctrine de Monroë, qui nous place sous le protectorat des États-Unis, à tout moment.

Voilà le péril qu’il nous faut combattre, Messieurs, car nous sommes menacés de perdre notre indépendance, de ne devenir qu’un des satellites des nombreux astres qui ornent le drapeau de l’Union.

Je sais bien qu’il y a des partisans de cette union, qui souhaitent que ce soit un fait, mais devant les expériences du passé, devant la disparition de la race indienne dans leur contrée, moi, leur apôtre, leur émancipateur, je m’insurge de toutes mes forces, car ce serait la destruction de la race indienne.

Le jour où cela deviendrait un fait accompli, leurs frères d’Orient, à leur tour, se lèveraient pour protester et s’insurger.

Voilà pourquoi je ne veux, à aucun prix, être sous la tutelle nord-américaine. Si parmi vous, Messieurs, il y en a qui sont les partisans de pareille union, je vous prie de vous lever et de m’en indiquer les motifs. Les représentants du Nicaragua et de Honduras se levèrent. Messieurs, dit le délégué du Nicaragua, moi et mon collègue sommes au regret de vous dire que nos pays ne sont plus libres de leur politique extérieure. Nous adhérerons aux vœux du congrès et nous souhaitons de tout cœur sa réussite, mais ne voulons pas être cause d’une guerre prématurée. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de reconnaître à nos indiens le droit électoral, le droit à l’instruction publique et obligatoire et de favoriser les engagements de nos sujets dans les armées du Guatemala et du Mexique.

Quant au percement du canal du Nicaragua, nous l’approuvons inconditionnellement et ferons tous nos efforts pour le faire aboutir.