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trottoir en bois où la cote est plus sérieuse qu’au coin de la rue.

Marie débuta donc.

On la vit cabotiner pendant quelques années, n’ayant aucune prétention artistique et ne se préoccupant que du monsieur inconnu qui devait l’attendre à la sortie.

Mais, de même que l’appétit vient en mangeant, l’ambition vient en cabotinant.

La jeune Pigeonnier, grisée par un petit succès qu’elle obtint dans une scène de revue de fin d’année, ne se contenta plus de quelques répliques qui lui permettaient de montrer ses dents, et d’une courte apparition qui lui laissait juste le temps de lancer des œillades aux fauteuils d’orchestre ; elle se crut de l’herbe dont on fait les étoiles, et dès lors se posa en comédienne de grand avenir.

À partir de ce moment, son caractère se modifia, ou plutôt s’accentua.

Le démon de l’envie la mordit aux entrailles.

Elle se montra féroce pour quiconque