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Par exemple, je n’ai jamais rencontré un type aussi accompli d’avare-prodigue.

Non pas qu’elle jette l’argent par les fenêtres, au contraire, elle l’enferme dans un secrétaire orné d’une belle serrure de sûreté.

Alors, me direz-vous, de quelle manière se manifeste sa prodigalité ?

D’abord, c’est un vrai souillon et le désordre de sa garde-robe est une mine inépuisable qui fait la joie et la fortune de ses femmes de chambre.

Elle dépense beaucoup pour sa toilette, et voyez-la passer sur le boulevard, on dirait un torchon ; les cuisinières bourgeoises s’habillent mieux et avec plus de goût qu’elle ; je l’ai vue dernièrement à une première, elle avait l’air de ma concierge endimanchée. Autrefois elle se ficelait mieux.

Quelques bijoux de valeur, qu’elle sort rarement, la rehaussent aux yeux de ses habitués.

Cependant elle a eu ses heures de coquetterie, et je l’ai connue appelant à son