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jamais on ne ferait son beurre dans la vie de son monde.

Donc, un soir que le voisin rentrait un peu plus tard que de coutume, Marie qui le guettait, feignit une légère indisposition et entr’ouvrit sa porte pour demander à cette connaissance de palier, s’il ne pourrait lui prêter un peu de thé.

Par hasard, le marchand de beurre en avait chez lui, et il s’empressa d’en apporter à Marie qui, de la meilleure grâce, le pria de lui servir de garde-malade.

Celui-ci s’acquitta de sa tâche avec une émotion que trahissaient ses gaucheries.

Il fut le soir même largement payé de sa peine et de ses soins ; même le lendemain matin, avant de se retirer, il se conduisit en… connaisseur, et non en marquis, laissant dans un livre que Marie était en train de lire, le prix de quelques mottes de beurre.

Marie l’avait appelé mon prince, toute la nuit, cela l’avait flatté, mais il était fort intrigué.

Et de quelle voix exquise et doucement