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duite à Berlin ; tout ce qu’on peut regretter, c’est qu’elle n’y soit pas restée ; nous avons, hélas ! assez de corruption chez nous.

Le malheur, pour elle, c’est qu’elle n’avait pu attirer chez elle la haute gomme prussienne ; les gens de la grande vie ne voulaient pas enrichir une française, si dégradée qu’elle fût.

Marie Pigeonnier ne voyait chez elle que les flâneurs peu fortunés, les amateurs de plaisirs à trente sous l’heure.

On ne venait qu’à pied chez elle.

Aussi elle végétait, avait peine à payer ses fournisseurs, qui ne lui faisaient que de courts crédits, car d’un jour à l’autre, elle pouvait lever le pied sans même dire bonsoir.

Dégoûtée de se donner tant de mal pour si peu de profit, elle prit le parti de poser un énorme lapin aux Berlinois ; et elle se mit à creuser une combinaison formidable.