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DES MŒURS DE L'ÂME.

cru inutile de les rapporter tous ; il me suffisait de montrer quel est son sentiment sur le tempérament du corps et sur les puissances de l’âme. Toutefois je transcrirai quelques passages du premier livre de l’Histoire des animaux[1] ; les uns se rapportent directement au tempérament, les autres par l’intermédiaire des signes physionomiques, et ce moyen intermédiaire appartient en propre à la doctrine d’Aristote. En effet, cet auteur soutient que la formation particulière de tout le corps, pour chaque genre d’animal, dépend des mœurs et des puissances de l’âme, et, pour prendre immédiatement un exemple, la génération des animaux pourvus de sang se fait au moyen du sang de la mère. Les mœurs de l’âme sont en rapport avec le tempérament de ce sang, comme Aristote l’a affirmé dans les passages cités plus haut. La conformation particulière des parties organiques est le fait des mœurs de l’âme, suivant Aristote lui-même[2] Du reste, d’après cette doctrine, on acquiert des notions nombreuses sur les mœurs de l’âme et sur le tempérament du corps. Quelques-uns des signes physionomiques nous révèlent directement et sans aucun intermédiaire le tempérament. Ces signes sont, par exemple, ceux qui se rapportent à la couleur, aux cheveux, et encore à la voix ou aux fonctions des parties.

    modifiés et interpolés. Les autres collections paraissent tout à fait perdues, à moins que nos Problèmes n’en cachent quelques débris. Les renvois qu’Aristote lui-même fait à ses Problèmes ne se retrouvent pas dans notre collection. Parmi les citations que rapportent les anciens des Problèmes, ou les renvois qu’ils y font, les unes ont dans nos Problèmes une correspondance plus ou moins éloignée, comme c’est le cas pour le passage qui nous occupe, les autres n’en ont pas. Cette correspondance est-elle fortuite ou réelle, en d’autres termes avons-nous bien les ἐγνύκλια προβλ., ou n’avons-nous qu’un recueil apocryphe dans lequel se trouvent naturellement des sujets analogues à ceux qu’Aristote a traités dans ses Problèmes ? Toutes ces questions sont loin d’être résolues. — Voy. Fabricius, Biblioth. græca, t. III, p. 252-5 ; Diogène de Laerte, V, § 26 ; Ideler, Aristot. Meteor., t. II, p. 494 note, p. 505 et 569.

  1. Ὅμως δὲ προσθήσω καὶ κατὰ τὸ πρῶτον εἰρημένον, vulg. ; je lis avec le manuscrit de Florence : ὅμ. δὲ προσθ. καὶ τὰ κατὰ τὸ πρ. εἰρημένα.
  2. C’est là un des principes fondamentaux de la doctrine des causes finales ; Galien lui-même revient sur cette question dans le traité De l’utilité des parties, et c’est là que j’en dirai moi-même quelques mots. Quand Aristote soutient que les formes sont déterminées par les mœurs de l’âme, il n’entend pas les mœurs en acte, mais les mœurs en puissance dans le type même de l’espèce qui doit être procréée et qui se perpétue ainsi d’individus en individus.