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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, viii.

l’unique dessein de blâmer ce qu’ils ont dit de mal, mais pour faire connaître les motifs qui m’ont conduit à entreprendre ce traité[1]. Comme il existe en effet un grand désaccord entre les médecins et les philosophes anciens sur l’utilité des parties, les uns prétendent que le corps humain a été fait sans but et sans l’intervention d’aucun art[2] ; d’autres, au contraire, soutiennent que le corps a été fait dans un but et avec art ; et parmi ces derniers, ceux-ci attribuent une utilité à telle partie, et ceux-là une autre. J’ai donc cherché d’abord une règle fixe pour juger ce désaccord, et j’ai voulu ensuite établir une certaine méthode ayant un caractère général et à l’aide de laquelle nous puissions trouver l’utilité de chaque partie du corps considérée en elle-même et dans ses accessoires. En entendant Hippocrate (De alim., p. 381, l. 39, éd. de Foës) dire : « Tout est en sympathie dans l’universalité des parties, et dans les parties tout conspire pour l’opération de chacune d’elles, » il m’a paru convenable de soumettre d’abord à l’examen les parties dont les fonctions nous sont parfaitement connues, car nous pourrons ensuite passer de là à d’autres parties. Je dirai donc comment j’ai procédé dans mon examen, en commençant par interpréter la sentence d’Hippocrate, laquelle est assez obscure pour la plupart des lecteurs, parce que l’auteur s’est énoncé dans le vieux langage et avec sa concision habituelle. Voici le sens de sa proposition : Toutes les parties du corps sont en sympathie, c’est-à-dire que toutes coopèrent à l’accomplissement d’une opération. Ainsi les grandes parties de tout l’animal, comme les mains, les pieds, les yeux, la langue, ont été ordonnées en vue des fonctions générales de l’animal, et toutes concourent à ces

    plus. Suivant Aristote, les ongles chez les animaux servent d’abord comme chez les hommes de couvercle, et de plus ils servent directement et activement, tandis que chez l’homme, leur principale fonction consiste à protéger la pulpe des doigts ; or, c’est précisément ce que Galien a soutenu dans le chapitre précédent (voy. aussi chap. x). C. Hoffmann (l. l.) a donc eu raison de s’écrier : « Interprete oculato opus est, non censore lippiente. »

  1. Voy. aussi livre II, chap. iii, à la fin.
  2. Ceci regarde surtout les sectateurs d’Épicure et du médecin Asclépiade, et sans doute aussi Démocrite. De son côté, Lactance (De opif. Dei, cap. vi) adresse de vifs reproches à Épicure. Voy. aussi plus loin chap. xxi et xxii. — Je traite ce sujet dans ma dissertation préliminaire.