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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, xii-xiii.

comme l’extrémité des ongles pouvait être usée, soit en grattant, soit en nous en servant de toute autre façon, la nature a donné à ces parties seules la faculté de croître, lors même que le corps a acquis son entier développement ; mais les ongles ne croissent pas en longueur, en profondeur et en largeur, comme les autres parties ; à l’instar des cheveux, ils ne croissent qu’en longueur, les nouveaux ongles poussant toujours sous les anciens et les chassant en avant. En cela la nature n’a pas agi vainement, mais dans le dessein de remplacer perpétuellement tout ce qui peut s’user de l’extrémité des ongles. Ces dispositions pour les ongles démontrent combien est grande la prévoyance de la nature.


Chapitre xii. — De l’utilité des os des doigts en général, et des avantages qui résultent de leur multiplicité dans chaque doigt.


Par ce qui suit vous apprendrez que les os des doigts ont été créés également pour le mieux. A la vérité les doigts pourraient, sans le secours des os, se mouvoir de diverses manières, comme les bras des poulpes, mais ils n’auraient aucun soutien, s’ils étaient privés d’une partie résistante et dure. Les os offrent précisément ces conditions dans le corps des animaux ; voilà pourquoi on trouve des os dans les doigts, dans les bras, dans les jambes et dans beaucoup d’autres parties du corps. La suite du traité montrera bientôt de quelle utilité est le soutien fourni par les os à chaque partie. On peut voir que les os servent à beaucoup des opérations des doigts, en réfléchissant que si nous n’avions pas d’os nous ne ferions pas mieux, soit en écrivant, soit en coupant, soit en nous livrant à tout autre travail, que ceux qui tremblent ; car les inconvénients qui résultent, pour ces derniers, d’une maladie, tous nous les éprouverions naturellement, si les doigts étaient flexibles et mobiles à cause de leur mollesse. Mais la nature des os a été formée comme un soutien par le Créateur pour donner de la force aux doigts dans chacune des formes qu’ils prennent. En effet, cette faculté, très-utile du reste, de pouvoir prendre des formes diverses, résulte de ce que les doigts sont composés de plusieurs os, et n’existerait pas, s’ils n’en avaient qu’un seul ; dans ce cas, en effet, on ne pourrait exécuter convenablement que les actes réclamant l’emploi des doigts dans l’extension. Il faut admirer en cela l’artifice de la nature, construisant les doigts de façon qu’ils soient aptes