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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, I, xiii-xiv.

face externe des os, car c’eût été un poids inutile, elle en a muni leur face interne, afin que le cas échéant où il faut prendre un objet en l’entourant, la chair, molle par consistance, cédant doucement sous la pression de l’objet avec lequel elle est en contact, corrige ce qu’il y a de droit dans les os. Voilà pourquoi la nature a mis très-peu de chair au niveau des articulations et en a placé davantage entre chacune d’elles, attendu que les articulations, créées pour se mouvoir, n’avaient pas besoin, comme les os, d’un pareil auxiliaire ; la chair, outre qu’elle ne servait à rien, devenait ici un empêchement à leur mouvement, d’un côté, en les chargeant inutilement, de l’autre, en remplissant la région interne de la jointure. Telles sont les raisons pour lesquelles la nature n’a pas fait naître du tout de chair à la partie externe des doigts, et en a pourvu abondamment la face interne entre les articulations ; enfin n’en a presque point mis au niveau des articulations elles-mêmes. Elle a placé sur les faces latérales des doigts autant de chair qu’il en fallait pour remplir les espaces vides entre chaque doigt, afin que de cette façon la main pût agir aussi bien comme un instrument très-divisé, que comme un instrument non divisé ; car les doigts étant rapprochés les uns des autres, tout l’espace qui les sépare est si bien effacé par la chair, que si on veut prendre quelque substance liquide, en plaçant la main en supination, on ne laisse rien échapper. Tels sont les avantages nombreux et variés que la main retire de la chair ; de plus elle peut encore malaxer et écraser tous les corps qui réclament des instruments modérément mous pouvant malaxer et briser : or dans tous les arts beaucoup de choses sont dans ce cas. Tels sont les divers genres d’utilité propre de la chair des mains. — Les genres d’utilité commune (car elle n’en jouit pas moins que les autres chairs) seront révélés par le texte suivant. Platon dit dans le Timée (p. 74 c.) : « La chair a été créée comme un préservatif des chaleurs de l’été, comme un abri contre le froid de l’hiver et aussi contre les coups ; c’est comme une toison de laine, cédant mollement et doucement au contact des corps, possédant en elle une humidité chaude qui pendant l’été s’évaporant et se réduisant en sueur, procure à toute la surface externe du corps une fraîcheur convenable ; en hiver, au contraire, par sa chaleur propre elle sert à repousser convenablement le froid qui nous environne et nous frappe à l’extérieur. » — Pour prouver que