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DE LA MAIN.

supériorité est petite, ou si tous deux ont une force égale, il résulte pour le corps un mouvement combiné de l’action des deux. On a presque chaque jour mille exemples de cela, et pour en donner un immédiatement, supposez des vaisseaux qui marchent à la rame et qui, en même temps, reçoivent le vent sur le côté ; si la force des rameurs et celle du vent sont égales, il en résulte nécessairement un mouvement composé ; ils ne seront portés, ni absolument en avant, ni absolument sur les côtés, mais dans une direction moyenne ; si, au contraire, la force des rameurs surpasse celle du vent, le vaisseau se portera plus en ayant que sur les côtés, si c’est celle du vent, il se portera plus sur les côtés qu’en avant : si l’une des deux l’emporte tellement sur l’autre, que celle-ci soit complétement vaincue, il en résultera, si c’est la force des rameurs qui est annulée, que le vaisseau ira de côté, et si c’est la force du vent, qu’il ira en avant. Quoi donc ? Si le vent n’était qu’une brise légère, si le vaisseau était long et léger, s’il était pourvu de beaucoup de rameurs, il ne pourrait certes y avoir aucun mouvement produit par le vent ; mais si le vent était très-fort, si le vaisseau était très-grand et lourd, possédant seulement deux ou trois rameurs, il serait impossible de s’apercevoir de l’action des rameurs. Ainsi donc, le mouvement des petits tendons est tellement faible que s’ils agissent sans le concours des grands tendons, ils ne peuvent faire mouvoir les doigts que dans un espace très-restreint, et leur action ne se manifestera jamais quand les grands tendons agiront en même temps.

Mais puisque la plupart des médecins ignorent combien le mouvement des petits muscles est faible par lui-même, ils ne pouvaient naturellement pas arriver par le raisonnement à constater que ce mouvement devait être nécessairement annulé par son union avec un très-fort. La cause de cette ignorance, c’est que le mouvement externe qui porte les doigts latéralement étant très-prononcé, on pense que tout le mouvement qui ramène les doigts de cette position extrême vers une position opposée provient du tendon interne. Il ne fallait donc pas mesurer l’étendue de chacun des mouvements latéraux en partant des points extrêmes, mais de la position moyenne : la position est dite moyenne quand les tendons extenseurs apparaissent exactement droits. En effet, si les tendons latéraux étaient coupés, les mouvements d’extension ou de flexion ne