Page:Galien-Oeuvres anatomiques physiologiques et médicales-T1-1854.djvu/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
v
PRÉFACE.

perdu. Comme il arrive souvent qu’on dépasse le but, même sans le vouloir, il est bon de revenir en arrière, et de réparer le mal qu’ont produit des attaques trop peu mesurées.

En parlant de guerre, de combats, de conquêtes, je ne fais point de métaphore, le XVIe et le XVIIe siècles ont été pour la médecine, comme pour beaucoup d’autres branches des connaissances humaines, un véritable champ de bataille ; la lutte était engagée de toutes parts entre le monde ancien et le monde nouveau ; les querelles religieuses et politiques étaient mêlées aux querelles scientifiques et littéraires, et, dans l’ardeur du combat, dans l’entraînement des passions, on ne craignit pas de presque tout détruire, pour avoir le plaisir de tout renouveler, sans se soucier des ruines qu’on amoncelait, sans penser qu’on perdait, avec le travail de plus de vingt siècles, tout contre-poids et toute garantie contre de téméraires innovations.


La Renaissance est un mouvement à la fois réactionnaire et progressif : réactionnaire pour les lettres, car, sous prétexte de revenir aux sources pures de l’antiquité, la Renaissance efface presque partout le caractère national ; progressif pour les sciences puisqu’elle arrache le sceptre aux Arabes et qu’elle le rend aux Grecs, mais progressive surtout par les tendances nouvelles qui se manifestent de tous côtés et en tous sens ; de telle sorte que les Grecs, remis un moment en honneur, durent bientôt, à leur tour, céder l’empire aux modernes. Ainsi, littérateurs et savants partent du même point, mais arrivent à des résultats fort différents ; ainsi encore, la prépondérance que l’antiquité sut reprendre et garder dans les lettres, elle n’a pu la conserver