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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, II, vii.

muscles constitué uniquement par de la chair, la nature l’a caché dans l’espace fourni par l’écartement des deux os, et elle l’a fait partir du cubitus pour le diriger vers le radius (court supinateur) ; l’autre (long supinateur), comme il lui était impossible de le placer dans cette région qui déjà pouvait à peine contenir un seul muscle, et qu’elle n’avait pas d’autre place libre, elle le fixa au-dessus du radius lui-même, l’ayant fait le plus long de tous les muscles situés dans cette région du membre. Son extrémité supérieure arrive vers la partie externe (condyle) de l’humérus ; suspendu dans une certaine étendue au-dessus des muscles de cette région, il descend au milieu d’eux par sa partie la plus mince ; son extrémité [supérieure] ressemble à une tète, son autre extrémité, l’inférieure, celle qui met le radius en mouvement, se fixe à la partie interne, près de son articulation avec le carpe, en se terminant par un tendon membraneux.

Les anatomistes qui m’ont précédé se sont grandement trompés dans la description de ces muscles, et cela par plusieurs raisons que j’ai exposées dans mon Manuel des dissections[1] ; mais pour le présent je crois avoir suffisamment démontré l’art industrieux de la nature dans la manière de les disposer. Pour les prémunir elle a caché dans la profondeur du membre les muscles internes, et un seul des muscles externes, parce qu’il n’était pas possible de les y loger tous les deux, et que les fonctions du bras ne sont pas fort compromises lorsque le muscle couché sur le radius vient à être lésé ; mais quand le muscle interne éprouve quelque lésion, il arrive que les fonctions les plus importantes de la main sont abolies. En effet, il ne saurait être endommagé par quelque choc extérieur avant que les os situés dans cette région soient entièrement divisés ou broyés. La nature ménage ainsi toujours dans sa prévoyance une protection semblable aux parties les plus importantes. De même pour les tendons qui meuvent les doigts et le carpe, et dont nous avons parlé plus haut (chap. ii), les moins importants sont superficiels et les plus nécessaires sont profonds. Puisque la nature, ainsi que nous l’avons dit, a été forcée de placer en haut sur le radius le muscle le moins important, c’est avec

  1. Voy., dans la Dissertation précitée, le paragraphe consacré aux supinateurs.