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PRÉFACE.

nomène que, malgré les défaites successives qu’avait subies le système de Galien, son auteur conserva pendant longtemps une sorte d’autorité nominale. C’est là précisément un des côtés les plus curieux à étudier dans l’histoire de la médecine au XVIle siècle et dans la première moitié du XVIIIe ; mais enfin, Arabes et Grecs furent décidément vaincus ; on finit par se lasser d’une domination illusoire, et en même temps on se persuada volontiers, moitié par paresse d’esprit, moitié par entraînement de novateurs, qu’il n’y avait rien de bon à prendre dans l’antiquité d’Hippocrate, de Galien, et de Paul d’Égine comme d’Averroès, de Mésué, et d’Avicenne, il ne reste plus qu’un vague souvenir.

Mais le plus beau privilège de l’histoire, c’est de réparer les injures du temps et les injustices des hommes, de discerner au milieu des débris de l’antiquité ce qu’il y a de bon de ce qu’il y a de mauvais, de rendre justice à chacun selon son mérite, de rechercher les causes des révolutions sociales ou intellectuelles, d’en suivre les conséquences, d’en caractériser l’esprit, d’en faire connaître les héros ou les victimes, et surtout de faire profiter les siècles présents et les siècles à venir de l’expérience des temps passés. Notre époque, éminemment historique et critique, j’allais presque dire indifférente, mais d’une indifférence raisonnée, scientifique, et qui provient de l’absence de tout système prédominant, a repris avec une ardeur soutenue l’étude de l’antiquité et du moyen âge ; elle recherche curieusement, en l’absence de systèmes nouveaux, les traces des systèmes oubliés ; ou bien les systèmes qu’on vante comme nouveaux, elle en retrouve les origines dans la série des temps historiques.