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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, II, xvii.

moins denses, plus caverneux et plus creux que tous les petits os. La nature tire encore accessoirement très-bon parti de leurs cavités ; elle y a mis en réserve la nourriture propre de l’os et qu’on appelle moelle ; mais j’en parlerai dans la suite (XI, xviii).


Chapitre xvii. — Pourquoi un os au bras et deux à l’avant-bras ? — Prévoyance de la nature dans la structure des articulations (Voy. aussi I, xv ; II, viii et XII, v). — Structure différente des articulations, eu égard à la variété ou à la solidité des mouvements ; laquelle de ces deux conditions prédomine dans les articulations de l’épaule, du coude, du carpe et des doigts. — Dispositions particulières prises par la nature pour les articulations du coude, du carpe et des phalanges.


Pourquoi y a-t-il un seul os au bras et deux à l’avant-bras[1] ? c’est ce qu’il faudrait dire maintenant ; mais avant cela il convient de parler d’une manière générale des articulations. On a dit plus haut que la nature a non-seulement donné pour chaque organe, aux parties qui les constituent, la forme qui est propre aux fonctions pour lesquelles ces organes ont été faits, mais qu’elle

  1. Galien n’a pas répondu à cette question dans ce livre, il le fait en partie dans le ier chapitre du livre XVII. Broc s’est aussi posé le même problème, et voici comment il le résout : « Quelque compliqué que puisse être le membre supérieur, la première division ne doit renfermer qu’un os, car elle est le centre, le point de départ de tous les grands mouvements, ceux qui s’étendent à tout le reste du membre, et qui dit centre, dit unité : c’est comme le tronc d’un arbre d’où tout part en se divisant ; s’il y en avait deux, l’un pouvant suffire, rendrait l’autre inutile. Supposez aussi qu’il y ait deux os au bras ; ils exécuteront à eux deux toute espèce de mouvements ; mais un seul les exécuterait aussi, et même mieux, parce que celui auquel il serait joint le génerait dans divers sens ; donc le bras ne doit, en effet, renfermer qu’un os. L’avant-bras est une des parties qui peuvent être, le plus rigoureusement déterminées. En effet, il a maintenant deux fonctions très-distinctes : d’un côté, il doit se mouvoir à angle autour de son extrémité supérieure, afin que le membre puisse être convenablement raccourci, et, d’un autre côté, il fait tourner la main sur elle-même. Or, ces deux fonctions exigent nécessairement deux os, un pour chacune d’elles : un seul ne pourrait les remplir sans donner lieu aux plus graves inconvénients ; c’est ce qu’il est aisé de démontrer. » Broc va encore plus loin que Galien ; le raisonnement lui fait trouver, a priori, les moindres dispositions des douze os ! Ces considérations peuvent passer pour très-ingénieuses ; mais l’analyse scientifique y reconnaît des vices radicaux. C’est ce que je cherche a établir dans ma Dissertation historique sur la théorie des causes finales.