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DU MEMBRE ABDOMINAL.

tous les quadrupèdes ont une attitude qui tient le milieu entre la position exactement inclinée et la station parfaitement droite. Il en est de même de tous les oiseaux, bien qu’ils soient bipèdes, car ils n’ont pas les organes de la marche situés sur la même ligne droite que l’épine.

Ainsi donc seul de tous les animaux l’homme se tient droit, et nous avons démontré que seul il est conformé pour s’asseoir (Cf. chap. i, ii, iii). Toutes les fonctions que remplissent les mains dans l’exercice des arts, exigent ces deux positions ; car nous nous servons de nos mains tantôt debout, tantôt assis ; personne ne travaille jamais couché sur le dos ou sur le ventre. La nature a eu raison de ne donner à aucun des autres animaux une structure telle qu’il pût se tenir debout ou assis[1], puisque aucun ne devait se servir de ses mains pour travailler. S’imaginer que si l’homme se tient droit c’est pour regarder le ciel à son aise, et pouvoir s’écrier : « Je réfléchis l’Olympe dans mes yeux avec un regard intrépide, » est le fait de gens qui n’ont jamais vu le poisson appelé Contemplateur du ciel (prêtre, rascasse blanche, uranoscopus scaber[2]). Ce poisson, même contre son gré, regarde toujours le ciel, l’homme à moins de fléchir son cou en arrière ne verra jamais le ciel. Il ne jouit pas seul de cette faculté de fléchir le cou, l’âne

  1. Cette proposition est très-vraie ; aucun animal ne se tient régulièrement assis ou debout. — Voy. la Dissert. sur l’anat. de Galien.
  2. Il semble que ce passage est dirigé contre ces vers d’Ovide (Metam., I, 84-86, imités par Silius Italicus, Punic., XV, v. 84-7) :

    Pronaque eum spectent animalia cætera terram,
    Os homini sublime dedit, cœlumque tueri
    Jussit, et erectos ad sidera tollere vultus ;

    ou contre ce passage de Cicéron (De legib., I, ix) : « Figuram corporis habilem et aptam ingenio humano dedit ; nam cum cæteras animantes objecisset ad pastum, solum hominem erexit, ad cœlique quasi cognationis domiciliique pristini conspectum excitavit. » Voy. aussi De natura Deor., II, lvi). — Comme on demandait à Anaxagore pourquoi il avait été créé : « Pour regarder le soleil, la lune et le ciel, » répondit-il (Diog. Laert., II, iii, 6 ; et voy. sur ce passage, Ménage, p. 77). — Les Pères de l’Église et les autres écrivains ecclésiastiques qui se sont occupés de la structure de l’homme, partagent tous l’opinion que Galien blâme avec plus de subtilité que de raison. — Hoffmann déclare ignorer complétement de quel auteur Galien a tiré le vers qu’il cite ; je n’ai pas été plus heureux que lui dans mes recherches.