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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, III, v.

complètement incapables de lutter et impuissants. Ceux qui avaient perdu par la gangrène non-seulement les orteils, mais la partie du pied qui les précède et qu’on nomme métatarse, avaient une démarche chancelante, aussi bien sur un terrain égal que sur un terrain difficile. Si la partie du pied qui précède le métatarse et qu’on nomme tarse est perdue, non-seulement on ne peut pas marcher avec sûreté, mais la station même n’est pas ferme.

Tous ces faits démontrent que pour la sécurité de la station, des pieds larges et longs sont nécessaires ; et c’est pour cette raison que de tels pieds ont été donnés à l’homme, qui, plus que les quadrupèdes, a besoin d’assurance dans la marche. C’est uniquement en qualité de bipède et non en qualité d’être raisonnable que l’homme a un pied ainsi conformé. En cette dernière qualité, c’est la variété dans la station qui lui a été attribuée en propre, puisqu’il avait besoin de marcher dans tous les lieux difficiles, ce qui ne lui eût pas été possible si les pieds n’avaient pas présenté des articulations variées. À propos des mains, nous avons démontré précédemment (II, viii)[1] que de leur cavité intérieure et de leurs articulations variées résultait pour elles la faculté de s’adapter à toutes les formes d’un corps ; de même les pieds, qui imitent les mains autant que possible, jouissent sur tous les terrains

  1. Après avoir indiqué le livre II auquel Galien fait allusion, mais où il parle surtout de l’aptitude que les doigts ont, en raison de leur structure, à s’adapter à la forme de tous les corps, et non de la cavité des mains, Hoffmann ajoute p. 42 : « Cum de cavitate manuum nihil legatur (proposition exagérée ; voy. p. 188), confirmatur id quod Galeno objicit Argenterius, in præf. Operum suorum (Hanov. 1610 ; col. 5 a.) et fatetur ipse libro De libris propriis, cap. i, non solitum illum fuisse relegere sua. Quidquid sit, addendum id esse ex hoc loco, monui ego, moneoque denuo. Hac de re pulchra est observatio Varoli (Anat., I, xi). — Quoniam, inquit, nullum corpus grave duobus tantum fundamentis erectum detinetur, nisi fuerit infixum : ideo cruribus hominis pedes adficiuntur in media planta concavi, ita ut quilibet horum duobus extremis inhæreat, hominesque duobus quidem cruribus innixi, quatuor tamen fundamentis stent et incedant. Hæc Ille ; e quibus intelligitur, cur illi quibus a mala conformatione pedes ima parte plani sunt (plancos aut plantos Latini, λειόποδας ; Græci vocant), tam infeliciter stent ambulentque... Cavitatis ergo si hic est usus, apprehensio ; quis usus est gibbositatis ? Explicat istam Gal. cap. vii jam dicto, itemque cap. ix extr. firmitas seu securitas. » — Voy. Hippocrate (De Articulis, § 55, t. IV, p. 238, et le Commentaire de Galien (III, 92-4, t. XVIII, p. 613, sqq.).