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DU MEMBRE ABDOMINAL.

de lui procurer aucun avantage, lui auraient enlevé quelque chose de sa solidité. Il fallait moins d’articulations et des mouvements plus simples à un membre qui ne devait être renversé en aucun sens par une action violente. Aussi la nature n’a pas articulé séparément avec la cuisse chacun des os, le tibia et le péroné, comme elle a fait à l’égard du bras où le radius et le cubitus s’articulent chacun avec l’humérus, elle n’a pas non plus séparé l’une de l’autre les deux extrémités du tibia et du péroné, mais elle les a réunies des deux côtés. Il était en effet superflu de disposer des articulations ou des muscles pour des mouvements inutiles au membre, de même qu’il y eût eu négligence à en omettre un qui lui fût nécessaire. Mais il n’y a eu de la part de la nature, ni omission pour aucun des deux membres, ni multiplicité oisive et inutile ; le nombre des muscles, comme tout le reste, indique, envers l’animal, le plus haut degré de prévoyance.

Nous avons dit précédemment, au sujet des muscles de l’avant-bras (II, vii, p. 184-5), qu’ils ne devaient être ni moins ni plus nombreux, ni plus petits, ni plus grands, ni disposés autrement qu’ils ne le sont. À la jambe, il y a treize chefs de tendons : six en arrière, sept en avant ; ils communiquent au pied tous les mouvements convenables[1]. Or, quatre mouvements sont dévolus au pied considéré dans son ensemble et indépendamment des orteils. Rappelez-vous, pour abréger, ce qui a été dit au sujet du carpe, et voyons l’analogie qui existe entre le pied et le carpe.

Nous trouvions au carpe deux aponévroses musculaires internes, deux externes qui meuvent le carpe selon quatre directions (Cf. II, iv) ; de même nous voyons se détacher du muscle étendu sur la partie antérieure du tibia un tendon vigoureux qui, se divisant en deux, se rend à la partie du pied qui précède le gros orteil (tibial antér. et l. abduct. ?), tandis que de l’autre muscle qui enveloppe le péroné procède un tendon qui va en avant du petit doigt (court péronier lat.). S’ils sont tendus tous deux, ils relèvent et recourbent tout le pied, comme les tendons analogues de la main étendent le carpe, ainsi que nous le disions. Si l’un d’eux agit seul, ce sont les mouvements obliques qui s’opèrent comme au carpe. ― À la partie

  1. Voy. dans la Dissertation sur l’anatomie de Galien, le résumé des muscles de la jambe, et la discussion sur ce passage.