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PRÉFACE.

question de savoir si Galien avait décrit des animaux ou des hommes ; certains anatomistes ont essayé de prouver, mais sans faire valoir d’arguments décisifs, qu’il n’avait jamais fait d’anatomie humaine ; d’autres, plus jaloux de la gloire du médecin de Pergame, ont soutenu, envers et contre tous, qu’il avait disséqué des hommes, qu’il était infaillible, et que si ses descriptions ne concordaient pas avec celles des anatomistes modernes, c’est que la nature avait changé depuis lui ! Aberration d’esprit d’autant plus étrange, que Galien répète sans cesse qu’il décrit particulièrement le singe comme étant l’animal le plus voisin de l’homme ; son seul tort, c’est d’avoir presque toujours conclu du singe à l’homme.

Le meilleur, ou pour mieux dire, le seul moyen de résoudre le problème était, non de raisonner sur les textes, mais de vérifier scrupuleusement sur l’homme et sur les animaux, les descriptions de Galien. Mais, au XVIe siècle, l’empire de l’autorité était encore si grand, la critique si peu avancée, la crainte de trouver le maître en défaut si universelle, qu’on perdait son temps et qu’on usait ses forces dans des discussions oiseuses qui perpétuaient le débat et entravaient la marche de la science. — Les historiens modernes de la médecine ne sont pas même d’accord sur ce point, et nul n’a tenté un examen ex professo de cette intéressante question. Cuvier et de Blainville sont d’avis que Galien a disséqué des singes, et plus spécialement le magot[1] ; mais ils ne paraissent pas s’être prononcés

  1. Cuvier avait même rédigé un Mémoire sur ce sujet, ainsi que l’atteste M. Laurillard ; mais ce Mémoire n’a pas été retrouvé dans les