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DES ORGANES ALIMENTAIRES.

cavité unique pour servir de réceptacle ; si ensuite elle y avait introduit le sang par une seule veine pour l’en faire sortir par une autre, l’humeur (χυμός) apportée de l’estomac n’aurait pas séjourné un instant dans le foie, mais traversant rapidement tout ce viscère, il eût été entraîné par la force du courant qui le distribue dans le corps.

C’est donc pour arrêter plus longtemps et pour transformer complétement l’aliment qu’existe ce réseau de voies étroites dans le foie, le pylore dans l’estomac, et les circonvolutions dans les intestins. C’est ainsi encore qu’en avant des testicules se trouvent ces replis variés d’artères et de veines, et à la tête, sous la dure-mère, ce plexus artériel appelé plexus rétiforme.

Quand la nature veut prolonger en un endroit le séjour de quelque matière, elle oppose un obstacle à sa marche progressive. S’il n’eût existé dans le foie qu’une grande cavité, le sang n’y eût pas séjourné aussi longtemps, une très-faible partie de ce sang aurait été mise en contact avec la substance du viscère, en sorte que la sanguification eût été imparfaite. Car si la substance propre du foie est le premier organe de l’hématose, l’aliment, qui avait avec elle un contact prolongé, devait s’approprier la forme du sang avec plus de promptitude et d’efficacité. C’est pour cela que les veines mêmes du foie ont été créées par la nature plus grêles que toutes celles du corps entier. Ces dernières, éloignées du principe de l’hématose, et ayant besoin de défense contre les lésions, ont été avec raison douées par elle d’une grande force. Une preuve considérable à l’appui de cette assertion, c’est que leur tunique est plus ou moins épaisse en raison de la protection qu’elles réclament, ainsi qu’on le verra par la suite du discours[1] ; celles du foie, au contraire, sont très-minces, car elles ne courent aucun risque (attendu qu’elles trouvent un appui sûr dans le viscère) ; elles opèrent ainsi beaucoup mieux l’hématose.

Il était encore préférable que les canaux qui attirent la bile jaune fussent placés sur les veines (ram. de la veine porte) qui apportent de l’estomac la nourriture avant les veines destinées à recevoir le

  1. Galien semble renvoyer ici au livre XVI, où il traite particulièrement de la distribution des veines (chap. xiii et xiv) ; mais je n’y trouve pas de mention du fait qu’il annonce ici.