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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, V, xv.

Il existe un muscle, grand, circulaire, appelé avec raison diaphragme (δίαφραγμα, séparation), qui sépare les conduits de l’alimentation des organes respiratoires. Fixé au-dessus des premiers, il est placé sous les seconds. Outre son utilité naturelle comme cloison, et son utilité plus grande encore comme concourant à la respiration (cf. VII, xx), il en offre une autre que nous allons décrire. Sa partie supérieure prend naissance au bas des derniers cartilages du sternum, à l’endroit où s’attachent les extrémités des muscles droits de l’abdomen ; descendant à droite et à gauche en longeant les extrémités des fausses côtes inférieures, il devient très-oblique à sa partie postérieure et inférieure. Tel est le moyen trouvé par la nature pour que dans la forte compression générale exercée également par les muscles, toutes les matières soient chassées non vers l’œsophage (στόμαχος), mais vers l’anus.

Supposez, en effet, deux mains (Cf. IV, ix, p. 299) appuyées l’une contre l’autre au poignet, s’écartant toujours de plus en plus jusqu’au bout des doigts. Mettez dans la main inférieure une éponge, un morceau de pâte ou un autre corps d’une nature telle que la main supérieure se rapprochant et le pressant, il s’échappe sans peine. Songez que, pour conserver l’analogie dans ma comparaison, la main inférieure représente le diaphragme, et la main superposée tous les muscles de l’abdomen, le grand doigt du milieu figurant les muscles droits, et les doigts voisins de chaque côté les autres muscles[1]. Figurez-vous ensuite que l’action compressive des muscles abdominaux reproduit celle des doigts embrassant et serrant la pâte. Que résultera-t-il de cette action ? N’est-ce pas que les matières seront précipitées en bas, étant refoulées comme par deux mains unies au poignet et s’écartant de plus en plus vers la partie inférieure ? Si donc, quand les mains se rapprochent et compriment les corps placés entre elles, ceux-ci s’échap-

  1. L’extrémité des doigts par où les mains s’écartent le plus, représente l’anus. Si Galien a fait cette comparaison en supposant l’animal couché sur le dos, il a pu dire avec une certaine vérité que le diaphragme, vu son obliquité, était représenté par la main inférieure ; mais si l’animal est droit il fallait supposer les mains non pas dans une position horizontale, mais dans une position oblique de telle sorte que l’une des mains fût à la fois inférieure et postérieure, et l’autre supérieure et antérieure.