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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

même temps que la médecine, tous les autres arts auxquels ce dieu préside : c’est-à-dire celui de tirer de l’arc, la musique et la divination[1] ; il cultive encore ceux auxquels préside chacune des Muses[2], car il n’est étranger ni à l’astronomie ni à la géométrie. De plus, comme le dit Pindare, son regard pénètre dans la profondeur de la terre, et s’élance par delà les cieux[3].

    cin des maladies qui charme puissamment les humains, et qui calme les cruelles douleurs. — Esculape est un héros participant de la nature des dieux et des hommes, une sorte d’incarnation d’Apollon, mais ce n’est pas l’inventeur de la médecine ; ses fils Podalire et Machaon sont les médecins ou plutôt les chirurgiens de l’armée des Grecs. L’apothéose d’Esculape date d’une époque beaucoup plus récente ; Pindare (Pyth., III, v. 6, éd. Bergk) le nomme encore un héros ; mais dans le Serment d’Hippocrate il est placé à côté des autres Dieux de l’Olympe. — Dans les poëmes homériques notre art n’apparaît pas comme très-avancé, mais nulle part, dans ces poëmes, la médecine n’est représentée comme une invention récente, et, à vrai dire, toutes les origines précises données par les anciens ou par les modernes sont du domaine de la fable. Les premiers rudiments ou les germes des sciences et des arts se perdent dans la nuit des temps, et nous n’apercevons guère les uns ou les autres qu’à leur état d’éclosion ou d’efflorescence. L’historien au lieu de perdre son temps et son érudition à rechercher quels sont les inventeurs de la médecine, doit se contenter de marquer la véritable place de ces prétendus inventeurs dans l’histoire et dans la mythologie et de mettre en lumière les plus anciens témoignages positifs sur notre science ; il ne doit pas surtout s’arrêter à ces questions futiles de la prééminence ou de la préexistence de l’une ou de l’autre des diverses branches de l’art de guérir.

  1. Platon (Crat., p. 405 a), outre qu’il représente Apollon comme inventeur de la musique, de la divination, de la médecine et de l’art de lancer les traits (voy. aussi Conviv., p. 197 a), fait une espèce d’anagramme sur le mot Apollon, qu’il décompose de façon à y trouver les éléments des mots qui signifient musique, médecine, divination, art de lancer les flèches. C’est là un spécimen de la science étymologique des anciens.
  2. Voy. sur les attributions des Muses aux diverses époques, Heyne, Opusc. acad., t. II, p. 309 sq. ; Müller, Archæol. d. Kunst, § 393, p. 532 et Vinet, notes du VIIe livre de l’Histoire des religions, par Creuzer, trad. de M. Guignaut, t. III, IIe part., iie sect., p. 951 suiv.
  3. C’est dans Platon (Theœt., p. 173 e) que nous trouvons ce fragment de Pindare, plusieurs fois cité dans la suite, mais de diverses manières (voy. Bergk, dans Pindari fragm. incerta ; Poetœ lyrici graeci, p. 294), pour montrer la supériorité de l’homme sur les animaux. — Voyez aussi Cicéron, De nat. Deor., II, 56. Dans le Cratyle (p. 399 b-c), Platon trouve l’étymologie du mot homme, ἄνθρωπος, dans la faculté de regarder, qui le distingue particulièrement des animaux. « Ce nom d’homme (ἄνθρωπος) signifie que les autres animaux n’examinent pas ce qu’ils