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UTILITÉ DES PARTIES DU CORPS HUMAIN, VI, xx.

(Part. des anim., III, iv) que cet os est le soutien et comme le fondement du cœur, et que c’est pour cela qu’on le trouve dans les gros animaux. Il est évident qu’un grand cœur, suspendu dans

    du Manuel des dissections. Voici les passages les plus curieux de ce chapitre : L’os qu’on croit exister chez les grands animaux n’existe pas chez tous ; mais chez tous et chez les autres animaux il y a non pas un os parfait, mais un cartilage. Les choses se passent ainsi en général chez tous les animaux : Les membranes triglochines (valvules des orifices auriculo-ventriculaires, voy. note 1 de la p. 430) et la racine des vaisseaux artériels (aorte et artère pulmonaire) sont appendues à une substance, toujours dure, mais non pas également dure chez tous les animaux : chez les petits animaux, elle est médiocrement cartilagineuse, chez les plus gros c’est un cartilage parfait, chez ceux qui sont tout à fait gros c’est un cartilage osseux ; plus l’animal est gros plus ce cartilage participe à la nature de l’os. Aussi chez ces derniers faut-il l’appeler un os cartilagineux et non un cartilage osseux, dans ces animaux ce qui naît autour de cette substance n’est pas encore exactement cartilage mais un neuro-cartilage. Il n’est pas étonnant que les gens inexpérimentés dans les dissections, ignorent cette particularité sur les petits animaux puisqu’ils ne la reconnaissent pas sur les gros. Que dis-je sur les gros ? sur les très-gros, même sur un éléphant ! — Ici Galien raconte avec sa modestie ordinaire l’anecdote suivante : Un éléphant est égorgé à Rome, les médecins se rassemblent aussitôt pour constater par l’anatomie si le cœur à deux sommets (Cf. p. 398, note 1), s’il a deux ou trois ventricules ; avant toute dissection Galien affirme que le cœur est conformé comme chez tous les animaux qui respirent dans l’air, ce que la dissection vérifia aussitôt ; il trouve très-facilement l’os du cœur. Mais les médecins inexpérimentés ne sont pas aussi heureux ; le charitable Galien allait le leur montrer, quand ses élèves riant sous cape lui font remarquer que les confrères cherchent où l’os n’est pas, et l’engagent à les laisser dans leur ignorance, ce à quoi Galien finit par consentir. Les cuisiniers de l’empereur ayant enlevé le cœur, il envoie un de ses élèves demander qu’on lui permît d’ôter l’os, ce qui fut accordé. Cet os qui était très-grand fut conservé par Galien, et quiconque le voyait ne pouvait comprendre comment il avait pu échapper à des anatomistes. — Qu’y a-t-il d’étonnant, s’écrie ensuite Galien, qu’Aristote se soit si souvent trompé en anatomie ! Le rapprochement est, on en conviendra, peu flatteur pour Aristote. Heureusement Galien ajoute aussitôt que Marinus très-versé dans les dissections s’était aussi souvent trompé, et que lui-même, en commençant l’anatomie avait été maintes fois fort embarrassé particulièrement pour trouver l’os du cœur (il coupait ce viscère en petits morceaux !), mais familiarisé avec la recherche de cet os il finit par être fort habile, surtout lorsqu’il eut remarqué que les valvules y étaient attachées. Voici le procédé qu’il indique pour le découvrir : « Enlever le cœur, découvrir le ventricule gauche ; ouvrir dans sa longueur le prolongement de l’aorte, descendre ainsi jusqu’aux valvules, et de cette façon on arrivera sûrement à l’os. » — Voici maintenant ce qu’il faut penser de cet os qui