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EXHORTATION A L'ÉTUDE DES ARTS.

rangés par ordre autour de lui ; chacun conserve la place qui lui a été assignée. Ceux qui approchent Mercure de plus près, qui l’entourent immédiatement, sont les géomètres, les mathématiciens, les philosophes, les médecins, les astronomes et les grammairiens[1] ; viennent ensuite les peintres, les sculpteurs, les maîtres de grammaire, ceux qui travaillent le bois, les architectes, les lapidaires ; au troisième rang sont tous les autres artistes. Tel est l’ordre spécial pour chaque groupe ; mais tous ont toujours les yeux fixés sur le Dieu, et obéissent en commun aux ordres qui émanent de lui. Enfin vous apercevez à la suite de Mercure une foule qui forme comme une quatrième catégorie, mais elle ne ressemble en rien à celle qui court après la Fortune ; car ce n’est point par les dignités politiques, par l’illustration de la naissance, ou par la richesse que ce Dieu a coutume de juger de la supériorité des hommes ; il distingue et honore parmi tous les autres et tient toujours près de sa personne ceux qui mènent une vie vertueuse, qui excellent dans leur art, qui l’exercent suivant les règles, et qui obéissent à ses préceptes. À la vue d’une suite ainsi composée, vous serez saisi non-seulement du désir d’imiter tous ces hommes, mais de vénération pour eux. On y trouve Homère, Socrate, Hippocrate, Platon, et tous ceux qui sont passionnés pour ces écrivains que nous révérons à l’égal des Dieux comme les lieutenants et les ministres de Mercure. Parmi tous les autres, il n’en est aucun qui ne soit l’objet de ses soins ; non-seulement il s’occupe de ceux qui sont présents, mais il monte sur le vaisseau avec ceux qui naviguent[2] et ne les abandonne pas

  1. Γραμματικός (litteratus) répond assez bien chez les auteurs classiques à notre mot philologue ou critique ; pour les Alexandrins il désignait plus particulièrement, soit ceux qui interprétaient les poëtes, soit ceux qui enseignaient la grammaire ou qui écrivaient sur cette partie de la philologie, non d’une façon élémentaire mais avec les ressources de la critique et de l’érudition. Les γραμματισταί (litteratores) étaient proprement des humanistes, des pédagogues, des maîtres de grammaire pour les enfants. — Voy. du reste le Trésor grec à ces deux mots, et au mot κριτικός, ainsi que Facciolati, voc. criticus.
  2. Cicéron (Pro Archia, vii) a dit en parlant des plaisirs comparés aux études littéraires : « Ceteræ (se. delectationes) neque temporum sunt, neque ætatum omnium, neque locorum ; hæc studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant ; secundas res ornant, adversis perfugium ac solatium præbent ; delectant domi, non impediunt foris, pernoctant nobiscum, peregrinantur, rusticantur. »

I.2