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DES ORGANES DE LA VOIX.

n’ayant en aucune façon besoin de ligament et de tunique, si elle ne devait éprouver aucun ébranlement quand l’animal inspire, souffle, ou émet un son[1]. Maintenant, comme toutes ces actions exigent qu’alternativement elle s’allonge et se rétrécisse, puis qu’elle se raccourcisse, nécessairement elle n’a pas dû être constituée seulement de matière cartilagineuse incapable de se dilater ni de se contracter, mais elle a encore été pourvue de substance membraneuse pour se conformer aisément aux mouvements susdits. En effet, dans l’inspiration tout le thorax se dilate, comme nous l’avons démontré dans nos Commentaires sur le mouvement de cet organe (voy. p. 385, note 1) ; puis, pour remplir la place laissée vide, il dilate en tous sens le poumon. Pendant ce temps-là les parties membraneuses de la trachée-artère se distendent aisément en largeur et en longueur ; en largeur, celles

  1. « L’importance que Galien accorde dans ce chapitre et dans les deux suivants à la trachée-artère pour la production des phénomènes vocaux, et l’explication qu’il essaye d’en donner, sont très-dignes de fixer l’attention des physiologistes modernes. Ce qui frappe le plus Galien, dans la trachée-artère, c’est une structure en vertu de laquelle le tuyau de l’air, qui dans la phonation peut être considéré comme un porte-voix, est susceptible de subir des modifications en longueur et en largeur. Les expériences tentées jusqu’à ce jour n’ont pu mettre en lumière la véritable relation qu’il y a entre les divers états de la trachée-artère et la production des différents sons, mais à coup sûr on peut avancer qu’il y en a une très-étroite. Il suffit d’observer l’influence que les divers modes de respiration ont sur la production des sons pour soutenir une telle hypothèse. Dans le chant les grandes inspirations se font surtout de deux manières ; ou bien l’ampliation du poumon suit le développement général du thorax, ou bien, le thorax étant aussi immobile que possible, le diaphragme seul détermine cette ampliation ; or, dans ces deux cas, l’état de la trachée ne saurait être le même ; dans ces deux cas aussi la facilité à produire les sons élevés du registre de poitrine est différente. En effet après l’inspiration diaphragmatique, l’expiration achève d’opérer au moyen des muscles de l’abdomen ; on constate que la facilité à produire les sons élevés de la voix de poitrine est beaucoup plus grande que dans l’autre condition. Mais d’ailleurs les dernières expériences faites sur les tuyaux à anche ont démontré que de très-légères modifications apportées dans un tuyau suffisent pour paralyser les vibrations de l’anche. On ne saurait donc mettre en doute la très-haute importance que la trachée-artère a sur les phénomènes vocaux ; aussi est-il important d’appeler l’attention sur une remarque de Galien qui est aujourd’hui pleine d’actualité ; car tandis que les questions relatives à la glotte et au tuyau vocal ont fait de nouveaux progrès, il reste au contraire beaucoup de problèmes à résoudre sur le porte-voix lui-même. » (Note communiquée par M. le docteur Segond.)